- Belgique
- Cambodge
Je m’appelle Arthur R., je suis récemment diplômé d’un master en bio-industries à la Haute École Charlemagne à Huy.
J’ai choisi de réaliser mon stage de fin d’études au Cambodge avec Eclosio, une ONG qui supporte la souveraineté alimentaire dans les pays en voie de développement.
Mon projet s’est porté sur le développement d’une nouvelle alimentation destinée à la volaille de race locale. Le but était de remplacer l’alimentation industrielle fortement utilisée par les productrices et producteurs locaux par une alimentation plus naturelle et durable ayant une productivité similaire.
Mon projet s’est porté sur le développement d’une nouvelle alimentation destinée à la volaille de race locale. Le but était de remplacer l’alimentation industrielle fortement utilisée par les productrices et producteurs locaux par une alimentation plus naturelle et durable ayant une productivité similaire. C’était un challenge de taille puisqu’il s’agissait également de trouver un emplacement pour effectuer l’expérimentation, de communiquer avec les personnes sur place, de s’adapter à leur culture, etc.
Comment un ingénieur industriel peut-il travailler sur un projet de coopération dans un pays dit « du Sud » ?
Entre mes humanités et mes études supérieures, je suis parti 1 an à l’étranger pour apprendre les langues. Durant cette année, ce que j’ai le plus aimé c’est la découverte d’un autre pays, d’une culture différente et d’une façon de vivre différente. Depuis cette expérience, le voyage a toujours été une de mes priorités. C’est pourquoi, pour finaliser mes études, j’ai préféré vivre une expérience à l’étranger.
Oui, mais où ?
Avant ce stage, j’ai eu l’occasion de voyager en Asie du Sud-Est et notamment au Cambodge. Je suis revenu de ce voyage avec plein de bons souvenirs. J’ai été particulièrement touché par l’accueil et la joie de vivre qu’il y avait dans ce pays (alors que 31% de la population se situe encore sous le seuil de la pauvreté). Raison pour laquelle, quand j’ai eu l’occasion de partir pour faire mon stage de fin d’études, je me suis directement tourné vers le Cambodge.
Après plusieurs semaines de recherche, une amie m’a parlé d’une ONG (Eclosio) qui organise des projets dans les pays « du Sud ». En me renseignant sur leurs activités, j’ai vite partagé la vision d’Eclosio qui porte sur la souveraineté alimentaire via notamment l’agroécologie. Le projet proposé par Eclosio était un projet autonome avec un suivi hebdomadaire par l‘équipe locale au Cambodge.
Un projet qui nécessite beaucoup de travail et d’engagement
Au début, je ne pensais pas être à la hauteur pour mener un tel projet en autonomie dans un pays étranger, surtout que l’alimentation animale n’était pas ma première spécialité. Me préparer avant mon départ était donc essentiel ! J’ai donc pris contact avec plusieurs spécialistes dans le domaine de l’alimentation animale dont le Dr. Nassim Moula, professeur à l’Université de Liège.
Au début, je ne pensais pas être à la hauteur pour mener un tel projet en autonomie dans un pays étranger, surtout que l’alimentation animale n’était pas ma première spécialité.
Pour mener à bien un tel projet, j’ai essayé de planifier mon voyage (au maximum) à l’avance. Avant de partir, je connaissais donc les informations importantes à collecter, les analyses sur la nouvelle alimentation à réaliser, le nombre d’échantillons sur lequel mon expérimentation allait se porter, etc.
Un contact régulier avec mon maître de stage Sothet Chhay (Manager program d’Eclosio au Cambodge) était également nécessaire pour récolter le maximum d’informations afin de préparer au mieux cette expérience.
Une expérience inoubliable
Je suis arrivé au Cambodge une semaine avant le commencement du stage afin de m’acclimater et de récupérer du décalage horaire. Quitter un pays à 3°C et arriver quelques heures plus tard dans un autre pays avec 30°C et 5 heures de décalage n’a pas été chose facile. J’ai su rapidement m’adapter à la culture locale puisque j’y étais déjà allé 2 ans auparavant. Heureusement, car le fonctionnement de la monnaie locale et des moyens de transport cambodgien est assez compliqué.
La semaine suivante s’est consacrée à la rencontrer avec l’équipe d’Eclosio sur place, les fermiers locaux avec lesquels j’allais travailler et la présentation du projet.
J’ai réalisé ce stage en collaboration avec un étudiant cambodgien, Mr Menghuy, qui terminait également ses études. Travailler avec lui m’a beaucoup aidé sur le plan linguistique, culturel et sur la manière d’aborder un problème.
J’ai réalisé ce stage en collaboration avec un étudiant cambodgien, Mr Menghuy, qui terminait également ses études. Travailler avec lui m’a beaucoup aidé sur le plan linguistique, culturel et sur la manière d’aborder un problème. Je me souviens par exemple de la fois où il a fallu trouver une solution rapide pour renforcer les clôtures, car les poulets divaguaient d’un échantillon à un autre. Il m’a montré une technique de chez eux et 2 heures après, le problème était résolu.
Néanmoins, le choc culturel a également ses mauvais côtés. Il y avait parfois des divergences d’opinions qui rendaient le travail plus compliqué. Nous avons alors fait preuve de flexibilité et d’ouverture d’esprit pour remédier à ce problème.
Un accueil de qualité
Le Cambodge est un pays sûr et où il y fait bon vivre. L’accueil, une de mes motivations à partir dans ce pays, était exceptionnel. Mon projet a eu lieu dans la Province de Takeo à 70 km au sud de Phnom Penh. Durant la semaine, je me restaurais chaque midi dans un petit restaurant familial au bord d’une route commerciale. Alors que la famille ne parle pas anglais, j’ai été convié après 1 mois à une de leur réunion familiale pour me remercier de manger chez eux. Leur nourriture était excellente et leur générosité était sans égal. J’étais assis à leur table plus comme un invité, mais bien comme un ami. C’est un de mes meilleurs souvenirs.
J’étais chez eux presque tous les jours et je ne me suis jamais senti étranger. Encore une fois, une qualité d’accueil impressionnante.
Une autre famille qui m’a accueilli généreusement, c’est celle d’un fermier local, Mr Thy, qui a accepté que je réalise mon expérimentation dans sa ferme. Il était ouvert d’esprit sur la manière de réaliser le projet et il n’hésitait pas à m’aider quand il me voyait en difficulté. Il ne parlait pas anglais et pourtant on se comprenait même si les dialogues n’étaient pas très élaborés. J’étais chez eux presque tous les jours et je ne me suis jamais senti étranger. Encore une fois, une qualité d’accueil impressionnante.
Pour moi, à côté de la richesse personnelle de ce stage, c’est ce genre de rencontre qui a rendu ce voyage si attractif et inoubliable.
Que dire du plus !
Faire un stage dans une industrie, ce n’est pas compliqué. Mais réaliser un stage en autonomie en anglais dans un pays étranger, avec un vrai but dans l’espoir d’aider un peu le quotidien des productrices et producteurs locaux, ça, c’est un challenge.
Comme je l’ai dit, ce genre de projet demande beaucoup de travail, d’engagement, une faculté d’adaptation, de la patience, du courage… mais en fin de compte, au moment de quitter ce pays, on a qu’une seule envie, y retourner.
Quelques conseils…
Avant de partir
Si je devais donner quelques conseils aux futurs stagiaires, je vous conseillerais de préparer le voyage correctement : renseignez-vous sur le logement, la monnaie locale, les moyens de transport et leurs prix, les vaccins, passeport, moustiquaire, etc.
Préparez-vous aussi rigoureusement pour le projet : documentez-vous sur le sujet, prenez contact avec l’équipe Eclosio, réalisez une table des matières, préparez une liste de questions qui vous aideraient à mener ce projet à bien, etc.
Pendant le stage
Pendant le stage, gardez un contact régulier à propos du déroulement du projet avec l’équipe Eclosio locale et en Belgique. Lors de l’expérimentation, n’hésitez pas à demander si les personnes concernées ont bien compris l’idée que vous vouliez véhiculer.
Je vous conseille également de prendre le maximum de numéros liés au personnel d’Eclosio sur place dès le début de stage. Tous les cambodgien·ne·s ne parlent pas spécialement l’anglais, et pour toutes questions ou négociations, il est préférable de laisser son homologue cambodgien·ne pour discuter.
Sur le plan pratique, il est utile de conserver un numéro de taxi local pour assurer les déplacements hebdomadaires entre Phnom Penh et Takeo. Je vous conseillerais le taxi au bus partagé car il est moins cher, plus confortable et plus rapide surtout qu’il est également possible de négocier l’endroit de prise en charge avec le taxi.
Au final
Cette expérience a été un succès total tant dans le cadre de mes études que sur l’aspect personnel. J’y retiens des souvenirs mémorables et qu’une seule envie : y retourner.
J’espère avoir aidé Eclosio à trouver une piste pour le développement d’une nouvelle alimentation destinée à la volaille afin de contribuer à une légère amélioration du niveau de vie de ces habitant·e·s.
J’ai trouvé que l’encadrement d’Eclosio était très bon et qu’ils s’investissent beaucoup pour les étudiant·e·s. Je tiens à remercier cette ONG de m’avoir permis de vivre cette expérience.
– – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – –
Figure 1 : Préparation de l’alimentation pour les poussins de 0 à 6 semaines avec Menghuy et Him Nob (Arthur Rossolino, 2018)
Figure 2 : Finition et transport des sacs d’alimentation pour la volaille de 6 à 10 semaines avec Menghuy (Arthur Rossolino, 2018)
Figure 3 : Découpage des feuilles de Chaya pour la nouvelle alimentation de la volaille de 6 à 10 semaines (Menghuy, 2018)