Clap de fin pour la caravane de The Future We Want !

Clap de fin pour la caravane de The Future We Want !
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L’été 2024 fut le témoin d’un projet ambitieux : 45 jeunes européen·nes originaires de 9 pays de l’Union européenne (Allemagne, Belgique, Finlande, France, Italie, Portugal, Roumanie, Serbie, Slovénie) ont parcouru l’Europe durant trois semaines en passant par 17 villes, en référence aux 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU, afin de faire (re)connaître leurs revendications pour un avenir désirable ! Et ce, auprès du grand public et de décideur·euses politiques, avec pour moteur de lutte (décidé collectivement !) : la fast-fashion.
Vaste programme pour ce voyage revendicatif, appelé dans le cadre de ce projet la “caravane transnationale”, dont nous allons vous retracer l’historique et les temps forts.

“2 bus, 17 villes, 3 semaines et 50 personnes qui ont été assez courageuses pour se lancer dans cette folle aventure. L’idée d’une caravane transnationale a toujours été portée par l’idée que, pour changer les choses, on doit en parler. Et nous l’avons fait ! Jeunes, étudiant·es, familles, médias, représentant·es d’institutions locales, plus de 10.000 personnes qui vont maintenant y penser à deux fois avant d’acheter quelque chose.” – Andreea, coordinatrice du projet (A.R.T. Fusion)

 

 

Le fil conducteur : lutter contre les dérives de l’industrie textile

Pauline Cubelier nous a partagé les raisons de leur engagement contre la fast fashion et ses dérives : “Nous voulions porter la voix des jeunes mais aussi de toustes celles et ceux qui ont la volonté de changer et l’envie de demander ce changement. En effet, l’industrie textile représente à elle seule 10% des émissions de gaz à effet de serre. Elle représente, en plus de problèmes environnementaux, des problèmes sociaux. Pour notre santé, notre futur et bien plus, il est urgent de leur retirer leur vitrine qu’est la publicité. En effet, cette dernière provoque des envies qui dépassent nos besoins et mènent à la surconsommation. Il faut être à la mode quitte à acheter toutes les semaines des vêtements de mauvaise qualité issus du travail forcé et dégradant notre environnement. Toutes ces envies compulsives se retrouvent alors in fine dans des décharges à ciel ouvert au Chili ou en Afrique. La publicité pour la fast fashion est également omniprésente sur les réseaux sociaux et touche la jeunesse. La fast fashion écrase alors les alternatives en occupant la majorité de l’espace publicitaire nous faisant oublier qu’il existe d’autres moyens de consommer et qu’un changement est possible.”

« La publicité pour la fast fashion est également omniprésente sur les réseaux sociaux et touche la jeunesse. La fast fashion écrase alors les alternatives en occupant la majorité de l’espace publicitaire nous faisant oublier qu’il existe d’autres moyens de consommer et qu’un changement est possible.”

Retrouvez le manifeste collectif écrit par les jeunes, qui illustre leur vision de la fast-fashion et leurs propositions:https://futurewewant.eu/resources/youth-manifesto/

 

Chiffres clés de l’industrie textile

  • 92 millions de tonnes de déchets textiles sont produites chaque année dans le monde ;
  • Deux tiers de la production textile utilisent les fibres synthétiques ;
  • Chaque année, les textiles libèrent jusqu’à 500.000 tonnes de microplastiques ;
  • Des dizaines de travailleurs et de travailleuses de l’industrie textile meurent chaque année à travers le monde, sans parler de leur intoxication aux produits toxiques ;
  • 80% des personnes qui travaillent dans l’industrie textile sont des femmes.

Source : achACT (https://www.achact.be)

 

Un aperçu de l’épopée en images !

Eclosio est allé sur le terrain pour capter des témoignages des participant·es ainsi que capturer les temps forts que les jeunes ont vécu à Bruxelles, soit la journée de clôture du projet, au plus près des institutions européennes. Retrouvez des extraits exclusifs de cette journée, pour avoir un aperçu du vécu des participant·es et des actions menées :

 

 

Un projet déployé sur le temps long

Tout a commencé avec un appel à projet européen, l’idée ? Financer un projet sur deux ans qui permettrait à des jeunes européen·nes de parcourir l’Union européenne dans le but de porter un « plaidoyer de la jeunesse en lien avec l’agenda 2030 ». Cet appel, financé par l’agence européenne Erasmus+, l’association roumaine A.R.T. Fusion a décidé de s’en saisir et de rassembler d’autres organisations de la société civile européenne pour le mener à bien.

Après des contacts via le réseau européen des ONG, le bouche à oreille et des collaborations précédentes, l’appel rendu et accepté, une première rencontre des partenaires a eu lieu à Helsinki début 2023. Le projet s’est affiné petit à petit pour que chacun, chacune puisse en fin d’année se lancer à la recherche de jeunes motivé·es fin 2023 dans leur pays respectif.

En Belgique, les chargés de projets en éducation citoyenne (ECMS) ont décidé d’ouvrir les portes du projet avec l’envie de renforcer leur ancrage sur les campus de Liège et de Gembloux et de permettre à des jeunes déjà engagés (à travers un cercle ou une commission étudiante) de participer à l’aventure.

“Mon attrait initial pour le projet était son accent international et son engagement fort, j’ai postulé sans réfléchir dès que j’ai vu l’appel à candidature d’Eclosio. Je me voyais déjà participer au changement !”
Juliette Rasir (délégation belge)

Une fois les jeunes recruté·es, l’année 2024 a pu se déployer avec l’ambition d’organiser les activités suivantes : (1) une formation en ligne sur les ODD offerte aux jeunes, (2) une rencontre dans le but de préparer collectivement les actions à mener pendant la caravane transnationale estivale, (3) réaliser et VIVRE la caravane et, finalement, (4) organiser un événement de dissémination afin de faire le point sur le projet et de partager des ressources au-delà du public touché durant l’année.

Pari réussi pour les partenaires et les jeunes, qui ont atteint leur objectif en réalisant et en vivant ces événements captivants amenant plusieurs pistes de réflexion et d’action sur le monde qui les entoure.

Voici les réflexions d’Andreea, coordinatrice du projet (A.R.T. Fusion) : « Mais outre le fait d’avoir atteint l’objectif que nous nous étions fixé, la partie la plus satisfaisante pour moi a été de voir ce groupe de jeunes venus d’horizons différents travailler ensemble pour changer le monde. Peu importe leurs différences, peu importe la météo, peu importe la durée des trajets en bus, ils et elles se sont toujours investi. La plus grande preuve de cela, et mon meilleur souvenir, a été notre dernière campagne de rue à Bruxelles. C’était censé être notre dernier grand moment, mais on avait oublié la météo… A peine étions-nous installés qu’il s’est mis à pleuvoir des cordes. S’en est suivie une frénésie chaotique mais fonctionnelle qui nous a permis de déplacer notre matériel à l’abri de la pluie, tout en essayant de monter une tonelle, sans qu’aucun d’entre nous ne soit sûr de comment faire les choses de manière appropriée. Ces moments, sous la pluie, avec tout le monde qui essayait d’aider comme il ou elle pouvait, sont font parties des raisons pour lesquelles nos combats, en valent la peine. »

« (…) la partie la plus satisfaisante pour moi a été de voir ce groupe de jeunes venus d’horizons différents travailler ensemble pour changer le monde. Peu importe leurs différences, peu importe la météo, peu importe la durée des trajets en bus, ils et elles se sont toujours investi. »

Ce long voyage dans 17 villes de l’Union a permis aux jeunes de toucher un large public, en ce compris des responsables politiques au niveau local, national et européen mais également des passant.es, des personnes investi,es dans le domaine de la mode, des jeunes, des travailleurs et travailleuses, des touristes…

Deux heures d’activités de rue dans chaque ville et des rendez-vous politiques, c’était le programme ! En plus des temps de trajets de ville en ville.

Quelles activités proposées pour discuter des enjeux de la fast fashion auprès du grand public ?

Des performances artistiques avec des rubans, de la jonglerie, un théâtre de rue, des cartes postales à écrire pour les eurodéputés, une chorale militante avec une revisite de “Money” d’Abba, un photobo oth, une carte du monde pour mieux comprendre les pays producteurs et consommateurs dans la chaine de l’industrie du textile , des stickers, un jeu de société, un quizz… Chaque jour, les tâches étaient redistribuées.

La première semaine de la caravane, le groupe était séparé. Le groupe belge a suivi la route 2 avant de rejoindre la route 1 à Ljubljiana.

🔹 Route 1: Bucharest ➡️ Craiova ➡️ Timisoara ➡️ Belgrade ➡️ Novi Sad

🔹 Route 2: Naples ➡️ Florence ➡️ Bologna ➡️ Vicenza ➡️ Koper

🔹 Route commune : Ljubljana ➡️ Augsburg ➡️ Aachen ➡️ Strasbourg ➡️ Nancy ➡️ Liege ➡️ Brussels

« Durant ce voyage nous avons eu la chance de rencontrer de nombreux politicien.nes allant de maires, à élus départementaux, ministres ou encore MEPs (députés européens). (…) Nous voulions alors porter la voix des jeunes mais aussi de tous ceux qui ont la volonté de changer et l’envie de demander ce changement. » – Pauline Cubelier (délégation belge)

Découverte des vêtements WECO Store Prise de parole de la délégation slovénienne au Parlement européen et rencontre avec des MEPs européens

Découverte des vêtements WECO Store Réunion à la Commission européenne

Un plaidoyer sous de multiples formes

Les revendications des jeunes (voir ci-contre) ont été véhiculées sous des formes très différentes : une pétition, plusieurs rencontres avec des eurodéputé·es, des actions directes en rue, des prestations artistiques, des activités pédagogiques,…

“En parallèle des rendez-vous politiques et des rencontres la rue, nous avons eu la chance de découvrir tout un réseau d’acteurs qui lutte pour une industrie textile de qualité et respectueuse des droits humains et environnementaux. Durant la caravane transnationale, nous avons été mis en contact avec des ONGs, des corps de métier textiles, des artistes, … Nous avons découvert des endroits alternatifs à la mode dominante. Ces moments participent grandement au fait de garder espoir, de se retrouver et garder l’énergie de lutter. Je pense à la rencontre avec achACT, la cooperative sociale Insieme à Vicenze en Italie, la couturière, Zaza lors de l’exposition aux Chiroux, la performance Sissypholia, le concert de Pepe, la donnerie nomade, …” – Juliette Rasir (délégation belge)

Par leur créativité, les outils d’expression et de plaidoyer mobilisés par ces 45 jeunes participant·es permettent d’avoir un reflet des moyens contemporains utilisés en démocratie pour interpeller des élu·es et des citoyen·nes sur des thématiques importantes.

Découverte des vêtements WECO Store Performance Sisypholia, donnée à Bruxelles (Belgique)

Quatre revendications claires

  1.  Intégrer l’interdiction de la publicité pour la fast fashion dans le cadre de l’European Green Deal afin de dissuader les comportements de consommation non durables. Inspirée par le projet de loi français, cette mesure devrait couvrir à la fois les publicités physiques et numériques, ainsi que la promotion réalisée par les influenceurs sur les réseaux sociaux.
  2. Lutter contre le greenwashing publicitaire en adoptant la directive européenne existante sur les allégations écologiques, qui exige que toute déclaration environnementale soit validée scientifiquement par des organismes tiers indépendants.
  3. Encadrer les pratiques des marques de fast fashion en limitant la production de vêtements à un maximum de quatre collections par an, avec un plafond de trois lancements (drops) par marque.
  4. Exiger des États membres de l’UE qu’ils appliquent des sanctions aux entreprises de fast fashion qui dépassent ces plafonds, dans le but de limiter la surproduction.

Une journée mémorable à Bruxelles

Le 12 septembre 2024, une journée à Bruxelles a clôturé le voyage de la caravane par une série d’actions dont voici un autre récit de Pauline : “Les voix des personnes rencontrées, nous les avons portées, le jeudi 12 septembre dernier au Parlement Européen à Bruxelles. Ce fût une de ces journées qu’on oublie pas. Une fois notre pass mis, nos textes travaillés, nos sacs fouillés nous passions dans un monde parallèle. Un monde agité rempli de costards cravates pressés, de journalistes aux aguets et j’en passe. Moi et le reste de la team Belgique nous avions deux rendez-vous ce jour-là un premier avec Estelle Ceulemans et un second avec Saskia Bricmont et Sarah Schlitz. Au fil des discussions, nos craintes s’envolaient. C’était des personnes comme nous qui ont soif de changement et aspirent à un avenir meilleur. Elles avaient à cœur de nous aider et de nous écouter mais le chemin est encore long. En effet, les personnes rencontrées ne détiennent pas la majorité et notre projet est ambitieux. Paraissant simple, il cache un problème socio-environnemental plus profond. Nous découvrions aussi que les fils du pouvoir sont détenus par tellement de gens et tellement entremêlés que cela donne parfois le vertige, il parait parfois impossible de vraiment toucher la solution. Chaque fois, celle-ci semble détenue par quelqu’un d’autre, de mieux placé ou ayant plus de poids. Mais nous ressortons de cette aventure plus fortes avec l’envie de continuer la lutte et en espérant triompher à sa fin ! La jeunesse vit, la jeunesse parle et la jeunesse attend des actes et ne se contentera plus de mots.”

« Une fois notre pass mis, nos textes travaillés, nos sacs fouillés nous passions dans un monde parallèle. Un monde agité rempli de costards cravates pressés, de journalistes aux aguets et j’en passe. (…) nous ressortons de cette aventure plus fortes avec l’envie de continuer la lutte et en espérant triompher à sa fin ! La jeunesse vit, la jeunesse parle et la jeunesse attend des actes et ne se contentera plus de mots. »

 

Découverte des vêtements WECO Store Photo de groupe au Parlement européen (Bruxelles, Belgique)

L’événement final

Le dernier temps fort, mais plus calme, fut l’événement final de dissémination organisé par chaque ONG dans son pays respectif.. En Belgique, cet événement a eu lieu le 21 décembre 2024 à Liège en compagnie du groupe de jeunes parties cet été. En matinée, Eclosio a encadréun Slow fashion tour dans le but de rencontrer des alternatives à Liège, engagée dans la mode durable. Récemment “Fil et fringues” a vu le jour à Liège, l’idée de ce réseau était d’avoir une ceinture alimentaire de la mode autour de la cité ardente, à savoir un réseau d’acteurs et d’actrices engagés dans la mode qui se rassemble et qui discute. Sur notre tour nous avons rencontré deux associations qui sont à l’origine de “Fil et fringues”, Slow 31 et WeCoStore.

“Slow 31” est une boutique qui fonctionne grâce au principe de troc, l’ASBL encourage les personnes à échanger leurs vêtements pour les faire vivre et circuler. “WeCo Store” est une boutique de vêtements éthiques. Dans ce magasin, les vêtements sont fabriqués dans des conditions respectueuses de l’environnement et des droits humains. Nous sommes parti.es à la découverte des étiquettes, des informations sur lesquelles il est important de se pencher pour comprendre d’où viennent nos vêtements.

Nous avons également rencontré “Beau Bizarre”, boutique de seconde main. En plus de sélectionner leurs vêtements vintage pièce par pièce, la boutique propose également tout un rayon de cosmétique inclusif, adéquat pour tous types de peau.

L’après-midi, nous avions envie de créer un espace pour créer et réparer nos vêtements. Eglantine est venue encadrer un atelier de couture et réparation. L’’occasion de créer et de conscientiser ce que la confection de vêtements implique en termes de compétences et de temps. Derrière l’idée de slow fashion, il y a bien entendu la nécessité de nous réapproprier des compétences que nous avons perdues, être autonome dans la réparation de nos vêtements faisait partie de nos réflexions.

En voici quelques illustrations :

Une collection de témoignages

En guise de conclusion de cet article récapitulatif des péripéties du projet The Future We Want, voici un ensemble de témoignages des jeunes ayant participé à l’expérience:

Auri, de la délégation finlandaise :
« En regardant mes photos, je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que certains des meilleurs souvenirs de ces trois semaines se sont déroulés entre les campagnes de rue. Partager des repas avec des amis, nager dans des eaux inconnues, marcher dans de nouvelles rues la nuit, contempler les lumières de la ville de loin… Tant d’autres doux souvenirs me viennent à l’esprit. Quel que soit l’impact final de notre projet sur le monde, je sais que l’impact sur chaque participant ne peut être mesuré. Tout mon amour et ma gratitude à tous ceux qui ont partagé le bus avec moi sur ce chapitre de l’aventure de la vie <3 To be continued… »

Sihoba, de la délégation allemande :
« La caravane a été un réel concentré d’émotions. L’enthousiasme pour tous les endroits et les gens que j’ai rencontrés. Le bonheur de voir mes merveilleux coéquipiers. L’épuisement du voyage. La colère et la frustration face à l’état du monde. L’espoir parce que la caravane et moi-même avons fait quelque chose de petit pour changer le monde en mieux. »

Texte collectif de la délégation italienne, composée de Giulia, Atusa, Elena, Sofia, Clara :
« Ce projet représentait plus que 20 jours passés ensemble sur une montagne en Roumanie, plus que la collecte de signatures pour une pétition. Nous avons passé presque une année entière à apprendre à nous connaître, à étudier, à préparer des activités et à essayer de construire quelque chose pour un avenir meilleur. Nous avons appris que tout est possible lorsque l’on rencontre des personnes partageant les mêmes idées. »

Pour plus d’informations, consultez le site du projet à l’adresse https://futurewewant.eu

Photo tout sourire pour conclure cette belle aventure !