Etre Eco-LOCO* ou la question de la cohérence – Analyse d’éducation permanente

Etre Eco-LOCO* ou la question de la cohérence – Analyse d’éducation permanente
  • Analyses et études d'éducation permanente

“Juillet 2023, il drache en Belgique, il fait frais, on boit du thé derrière des carreaux plein de buée. On aurait presque envie de se plaindre, se plaindre de cette humeur d’automne alors qu’on n’a pas encore vraiment profité de l’été. On aurait presque envie de se plaindre, si seulement… si seulement on ne savait pas que le sud de l’Europe est en flammes et que certain·es pleurent en ce moment même pour quelques gouttes de pluie. On aurait presque envie de dire à notre ami·e qui n’en peux plus de la pluie de… « oui, on n’a qu’à le faire et se les prendre ces billets à 20 euros de chez Ryanair pour une destination un poil plus exotique que notre Belgique pluvieuse ». Les sensations estivales de mai où les grosses chaleurs laissaient penser à un été-canicule se sont vite dissoutes dans toute cette quantité d’eau et de grisaille. Alors “oui c’est bon pour le renouvellement des nappes phréatiques”, mais concrètement on râle intérieurement, mais on n’ose pas de trop… Ou alors juste à demi-mot, quand on arrive trempé·e au bureau et qu’on le lâche finalement ce petit : “Quel temps de chien ! Je ne pensais pas me faire saucer ce matin”. On se regarde gênés·es. Oui, on est un peu gênés·es parce qu’on sait qu’on n’a pas vraiment “le droit” de se plaindre. Le droit, mais quel droit ? Il n’y a plus vraiment de débat, le réchauffement climatique est là. Le secrétaire des Nations Unies a déclaré suite aux incendies et aux vagues de canicules un peu partout et à répétition autour du globe, le 27 juillet que “L’ère du réchauffement climatique est terminée, place à l’ère de l’ébullition climatique”. Le temps des questions qui ne faisaient que maintenir le statu quo du capitalisme se termine… L’idée qu’une production croissante infinie dans un monde aux ressources limitées est insoutenable, est acquise. La conscience que l’humanité est en train de scier la branche sur laquelle elle est assise est de plus en plus répandue. Mais bon là, c’est là, maintenant, ici, chez nous, “In My Backyard”. Maintenant que nous vacillons entre incendies, inondations, “catastrophes naturelles” 3, records de températures, qu’on a besoin d’un sac en papier dans lequel faire des exercices de respiration à chaque fois qu’on regarde les nouvelles4. Non, on ne va pas oser se plaindre, pas nous.

Cette analyse aimerait se faire la critique de notre culpabilité individuelle afin de proposer des solutions concrètes à nos prises de têtes, tout en continuant l’action climatique, entendue comme le définit l’UNICEF comme étant : les actions humaines qui visent à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le cœur de la question étant ce besoin de cohérence que nous poursuivons, et plus particulièrement, ce curieux fardeau mental qu’est celui d’une cohérence souhaitée en ce qui concerne ladite “action climatique”.

 

Une analyse d’Alexia THOMAS, chargée de projets d’Education citoyenne Eclosio et socio anthropologue en citoyenneté durable

 

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