Figures d’altérité* ici et ailleurs : expériences de vie de jeunes belgo-japonais – Analyse d’éducation permanente

Figures d’altérité* ici et ailleurs : expériences de vie de jeunes belgo-japonais – Analyse d’éducation permanente
  • Analyses et études d'éducation permanente

*Figure d’altérité1 : fait ici référence au fait d’être perçu comme différent par un groupe, d’être perçu en tant qu’ « autre ».


Une analyse de Marie MONTENAIR, diplômée en anthropologie à l’Université de Liège. 

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En se basant sur les expériences sociales de jeunes belgo-japonais, cet article illustre les processus d’altérisation mis en œuvre, inconsciemment ou non, entre enfants et jeunes. Il développe deux axes principaux : le sentiment de ne jamais se sentir tout à fait dans la majorité, ainsi que la présence d’un racisme ordinaire anti-asiatique.

Grandir dans une famille biculturelle et binationale amène inévitablement des questionnements identitaires. Certains de ces jeunes sont tiraillés entre leur cheminement identitaire et le regard d’autrui. Cet article vise à partager l’expérience de jeunes ayant grandi dans une famille « mixte » (Varro, 2003) belgo-japonaise, résidant en Belgique francophone. En France comme en Belgique, peu d’études se sont intéressées à la situation de ces jeunes dont un des parents est issu de l’immigration asiatique. Les études se focalisent souvent sur une « deuxième génération » composée d’individus ayant deux parents migrants (Fresnoza-Flot, 2019, p. 139). Cet article se base sur les matériaux récoltés dans le cadre de mon mémoire de master en anthropologie2, qui s’intitule : « Sentiments d’appartenance en contexte biculturel et binational. Une approche anthropologique du cas de jeunes belgo-japonais (Belgique francophone) ». Bien que pour beaucoup de jeunes rencontrés leurs expériences de vie soient généralement qualifiées de positives et riches, plusieurs d’entre eux ont tout de même rencontré des difficultés à se situer entre ces deux cultures3. Cet article a pour objectif de rendre compte des difficultés auxquelles ces jeunes belgo-japonais ont dû faire face, en les illustrant à travers des exemples ethnographiques issus du terrain. Il se concentre sur deux axes principaux : le sentiment de ne jamais se sentir tout à fait dans la majorité et le racisme anti-asiatique entre enfants et entre jeunes4. Il s’agit de mettre en lumière le racisme ordinaire5, souvent minimisé dans le discours de mes interlocuteurs et dans le sens commun ; ces expériences affectent directement la représentation que ces jeunes ont d’eux-mêmes. En effet, comme le soulignent Wang et al. (2023), le racisme anti-asiatique est largement invisibilisé et n’avait pas fait l’objet de politisation avant la crise du Covid-19 ; notamment en raison de sa manifestation sous forme d’humour et de dérision (p. 16). Avoir un parent belge et un parent japonais peut conduire à des expériences parfois similaires. Cependant, il faut souligner que chaque individu rencontré a un parcours de vie et un rapport à son identité bien singulier.

Méthodologie

Mon mémoire repose en grande partie sur les récits de vie (Bertaux, 2010) de ces jeunes belgo-japonais. Mes interlocuteurs s’élèvent au nombre de neuf, trois garçons et six filles ayant entre 19 et 28 ans, ainsi que sept femmes japonaises ayant entre 40 et 60 ans. Mes matériaux ethnographiques ont été récoltés tout au long de l’année 2022. J’ai rencontré à plusieurs reprises ces jeunes dans le cadre de conversations formelles et informelles. Plusieurs micro-terrains ont été menés : la visite de la Japanese School of Brussels, la participation à des activités culturelles, des visites à domicile, des repas partagés avec la famille de mes interlocuteurs, et donc, un accès partiel à « l’intime » (Fresnoza-Flot, 2022)6 de ces derniers.

Miyata et al. (2019) soulignent l’absence de conflit et de domination coloniale entre la France et le Japon, ainsi que l’image positive que ces pays se renvoient culturellement parlant. Ce constat est le même pour la relation entre la Belgique et le Japon, à un point près : bien que l’on n’observe pas de tensions particulières entre ces deux pays, la France est plus connue au Japon que la Belgique. Par ailleurs, la population issue de l’immigration asiatique est généralement pensée de manière positive, même si cela n’empêche pas la formation de stéréotypes. Wang et al. (2023) rappellent le « mythe de la minorité modèle qui met l’accent sur la réussite et l’ascension sociale des personnes d’origine asiatique en leur associant des stéréotypes dits ‘positifs’ (‘travailleurs’, ‘discrets’, ‘forts en maths’, etc.) » (p. 5). Notamment, à cause de ce mythe, aux États-Unis comme en France, la question des « expériences asiatiques des discriminations » n’émerge pas dans l’espace public, et la domination raciale est maintenue de manière tacite (Wang et al., 2023, p. 6). La littérature scientifique francophone n’a que peu documenté les expériences de discrimination et de racisme qui touchent les communautés asiatiques ; il a fallu attendre la pandémie de Covid-19, pour que ces questions prennent plus d’importance dans la recherche et sur la scène publique en France. Ainsi, le racisme anti-asiatique a un caractère banalisé et ordinaire (Wang et al., 2023, p. 6-16). Essed (1991) différencie « the everyday racism » du racisme : il ne s’agit pas d’incidents extrêmes, mais de pratiques banales ; ressenties de manière persistante, ces pratiques sont pourtant difficiles à cerner, notamment à cause de leur caractère informel, familier et répétitif. En imprégnant la vie quotidienne, il est vécu directement et indirectement. Selon Essed (1991), le problème principal avec cette forme de racisme est qu’il devient un problème quotidien et qu’il n’est généralement pas reconnu, ni admis, ni problématisé. En français, ce concept se retrouve sous la formulation de « racisme ordinaire » (Jamin, 2016 ; Andrews, 2022) ou « quotidien » (Luu & Zhou-Thalamy, 2022).

Autrement dit, la communauté issue de l’immigration asiatique s’est vue attribuer une image globalement positive dans le sens commun, en Belgique comme en Belgique francophone. Cette construction peut conduire à une minimisation de leurs expériences négatives, en comparaison à d’autres communautés issues de l’immigration, qui auraient par exemple un passé colonial. Wang et al. (2023) constatent une hiérarchisation des pays ou des régions en fonction de leurs relations politiques et historiques avec l’Occident (passé colonial), ainsi qu’entre ces pays eux-mêmes. Selon eux, les personnes issues de l’immigration japonaise se distingueraient des personnes d’autres nationalités (p. 18). Néanmoins, comme abordé dans la partie suivante, cet aspect « n’immunise » pas les enfants vis-à-vis de remarques et de moqueries liées à leur apparence physique.

Dans le cas du Japon, comme l’explique Clercq (2020), le pays n’a pas eu recours à l’immigration dans le développement de son industrialisation d’après-guerre ; une partie de sa population pense encore à tort que le peuple japonais est ethniquement homogène. Il existe à l’heure actuelle différentes notions japonaises désignant les Japonais métissés, la plus rependue est sûrement « hāfu ». Elle désigne toutes les personnes étant « à moitié » japonaises. Le mot provient littéralement du mot anglais « half » signifiant « une moitié de » (Clercq, 2020, p. 205-206). De manière générale, cette communauté comprend toutes les personnes ayant un parent japonais et un parent d’une autre nationalité. Ce terme a eu son lot de critiques, et il est sujet à polémique car il renvoie au fait d’être perçu et représenté comme un « demi-japonais ». Il remplace un autre terme au passé encore moins glorieux : « konketsu », qui renvoi à la transmission de la nationalité par le sang. Cette notion de « sang-mêlé » s’est répandue à partir de 1930, lorsque la politique d’assimilation coloniale7 s’est accrue et que les rencontres et les mariages entre personnes de nationalité japonaise et ressortissants des colonies se sont multipliées (Clercq, 2020, p. 208)8.

Ces personnes, ayant deux parents de nationalités différentes, sont parfois appelées « daburu », qui provient du mot anglais « double ». Certains défendent ce terme, car il mettrait en avant les apports de deux cultures, signe de richesse culturelle et non d’un manque9. Cependant, selon Miyata et al. (2019), cette notion ne fait pas l’unanimité en raison de son aspect excessif. De plus, les auteurs soulignent la forte pression favorisant l’uniformité dans la société japonaise.

La construction identitaire à l’épreuve du regard d’autrui

Lenclud (2008) propose une vision anthropologique du concept de « Soi ». Ce dernier fait partie intégrante de tout état de conscience ; il n’est nullement individuel, car il est d’emblée social. Pour être une personne, il faut être considéré par d’autres personnes comme tel. Godelier (2007) situe également le « sujet social » dans un réseau de relations. L’individu à conscience de ce réseau ; il peut influencer et faire évoluer ces relations, mais ne peut pas modifier, à lui seul, « les structures10 d’ensemble de la société dans laquelle lui et les autres vivent et co-interagissent » (p. 196-197). Ce dernier aspect de la définition semble correspondre à l’impuissance de mes interlocuteurs face au racisme ordinaire vécu. Godelier (2007) souligne l’aspect singulier, multiple et unitaire de l’identité : singulier, car chaque individu à une identité qui lui est propre, il n’existe pas de copie ; multiple, parce qu’une personne a autant d’identités qu’elle fait partie de différents groupes sociaux simultanément, par un aspect ou l’autre d’elle-même ; unitaire puisque son identité sociale ne correspond pas simplement à une addition d’identités distinctes et de rapports particuliers. J’ajouterais que l’identité a également un caractère dynamique puisqu’elle ne cesse de changer au fil des rencontres et du temps qui passe. Godelier (2007) ajoute que l’individu trouve le contenu et la forme de ses identités « au sein des rapports sociaux spécifiques et de la culture qui caractérisent sa société, dans les particularités de leurs structures et de leurs contenus » (p. 198).

Ces quelques lignes démontrent l’importance des échanges et rapports sociaux, dans la perception et la construction identitaire de tout un chacun. Au niveau de leur apparence physique, mes interlocuteurs mettent tous en évidence la forme de leurs yeux qui diffère de la majorité de la population belge. Pour ces jeunes, avoir un parent belge et un parent japonais amène des comparaisons entre les membres d’une même fratrie ou sororie : « Ma sœur a été appréhendée comme une immigrante [au Japon], (…) puisqu’elle est moins typée japonaise » (Emi11,14/03/2022), « Mon frère est plus typé selon ma mère, au niveau de la couleur des yeux et des cheveux » (Emma, 27/07/2022). Ces points de vue restent subjectifs et reflètent la diversité et la complexité des expériences vécues. Lors de rencontres, certains de mes interlocuteurs me racontent qu’ils sont parfois perçus comme ayant des origines méditerranéennes, maghrébines, ou encore, d’Amérique Latine ; bien qu’ils soient perçus comme différents physiquement, tous ne sont pas étiquetés au premier regard comme provenant d’Asie. Cependant, comme le témoigne Emi, ils ne seront jamais dans la majorité :

Je me sens différente à tous les niveaux : physique, manière de penser, comportement… (…) Je me sens différente en Belgique et au Japon. On ne sera jamais dans la majorité et dans la norme, nous avons différents rapports, et différents vécus par rapport aux autres. En Belgique, ce sera plutôt mon visage. Les gens se basent extrêmement sur le premier aperçu. Au premier abord, je suis étrangère. Cette année, quand je suis retournée au Japon, on m’a beaucoup plus parlé en anglais. Sûrement, parce que je faisais quelques erreurs, en quelques secondes d’interaction, ils peuvent deviner que je suis différente (Emi, 04/10/2022).

Quand je vais au Japon, je me sens belge, et en Belgique, je me sens japonaise. J’ai un peu ce sentiment de me sentir étrangère partout, je ne me sens pas mal dans la culture pour autant (Emma, 18/03/2022).

Ces différents processus accentuent une distinction entre ces jeunes belgo-japonais et la population majoritaire. Comme l’explique Fresnoza-Flot (2019), ces mécanismes « impliquent principalement une catégorisation basée sur le phénotype* (racialisation*) qui se croise avec d’autres facteurs tels que la classe sociale et la nationalité. Actuellement, ces mécanismes rendent les personnes d’origine mixte ‘distinctes’ de la population majoritaire dans leur pays de résidence » (p. 144). Les remarques et questions que reçoivent ces jeunes en rapport à leur physique font partie de ces processus. Pendant très longtemps quand j’étais en Belgique, on me demandait : « Tu viens d’où ? » Vu qu’il y avait ce sous-entendu, je disais : je suis japonaise (Emi, 28/11/2022). Emi m’explique qu’après-réflexion, elle ne sait pas pourquoi elle répondait ça, elle s’est senti « bête ». Inconsciemment, elle savait que ces personnes ne seraient pas satisfaites par la réponse : « Je suis belge » ou « Je suis née en Belgique ». Cette question, aussi courte et simple soit-elle, la renvoie directement à une altérité supposée portée par le regard de son interlocuteur, en sous-entendant qu’elle ne vient pas d’ici.

Phénotype*. « En biologie, les caractéristiques observables d’un organisme, c’est-à-dire la combinaison du patrimoine génétique (génotype) et des facteurs environnementaux (…). Du grec, ‘caractère apparent’ » (Morris, 2012, p. 194).

Racialisation* : Désigne « des modalités de construction de l’altérité dans le cadre de rapports sociaux de pouvoir qui produisent des ‘Eux’ et des ‘Nous’ hiérarchisés, par référence aux origines ». « La racialisation se réfère aux pratiques et aux représentations racistes qui, selon les contextes, reposent sur une interprétation des apparences physiques censées traduire des origines communes ; mais aussi sur celle du lignage biologique supposé (…). Elle s’inscrit toujours dans des rapports de domination/subordination contraignant la vie quotidienne des individus » (Poiret et al., 2011, p. 10-11).

Le racisme anti-asiatique: des rapports sociaux banalisés?

Comme l’expliquent Wang et al. (2023), l’école représente souvent le lieu où s’exercent les premières expériences liées au racisme (p. 10). Le racisme et la stigmatisation12 qui y sont à l’œuvre s’appuient essentiellement sur l’apparence physique. Par des processus de catégorisation et d’exclusion, les enfants doivent rapidement faire face à leur différence avec les autres enfants, ce qui entraîne doucement le développement d’une identité ethno-raciale (p. 13). Il en est de même concernant certaines activités extra-scolaires, notamment au sein de clubs de football. Certaines stratégies peuvent être mises en place par ces enfants, afin d’éviter de trop se distinguer du reste du groupe :

Ma maman m’avait acheté une sorte de panier-repas emballé dans un tissu, avec trois compartiments, trois mini-boîtes, et un thermos pour garder le riz chaud. Quand on mangeait japonais la veille, on mangeait les restes en bentō, sinon elle nous faisait aussi des petits sandwichs (…). Parfois, en primaire, je demandais pour avoir des tartines, dû à certaines remarques que je recevais surtout au niveau de mes yeux bridés, je n’avais pas trop envie de me différencier. En primaire, je pense que j’étais plus sensible, tout le monde me demandait : « C’est quoi ? », (…) « Ta maman, elle est chinoise ? ». Ils me faisaient des grimaces en tirant sur leurs yeux [imitation] (Emma, 04/10/2022).

Des personnes me disaient « chintok », j’ai subi quelques (…) insultes à cause de mes traits asiatiques (Kaïto, 21/02/2022).

Plusieurs témoignages soulignent la récurrence d’amalgames avec la Chine. Comme l’explique Fresnoza-Flot (2019) dans le cas d’enfants issus de mariages mixtes belges et thaï, « le fait d’être perçus comme des ‘autres’ (Chinois ou Asiatiques) et non comme des ‘nous’ (Belges) dans leur pays de résidence les a fait se sentir ‘différents’, dans un sens négatif. Cela les a également amenés à remettre en question et à rejeter les catégories ‘Asiatique’ ou ‘Chinois’ » (p. 151).

Par ailleurs, les remarques sur les différences physiques, à l’encontre des personnes ayant des origines asiatiques, se manifestent souvent sous la forme de l’humour (Wang et al., 2013, p. 16). Bien que mes interlocuteurs ne dramatisent pas « l’humour » de leurs amis concernant leurs origines asiatiques et qu’ils peuvent, pour certains, même en rire avec ces derniers ; ce genre de remarques régulières, généralement tenues dans un cercle proche, renforce l’image ethno-raciale de mes interlocuteurs. Wang et al. (2023) confirment ces liens de proximité et déclarent que l’humour permet d’excuser les auteurs de ces moqueries, l’humour n’est pourtant qu’un moyen d’euphémiser le racisme (p. 16). La modalité de l’humour banalise ces actes et camoufle la dimension raciste présente qui se traduit également par le fait que ces propos sont à sens unique. Leur récurrence peut amener une lassitude chez certains et peut conduire à l’énervement : Pour ceux qui savent, c’est : la jaune, ping-pong, sushi,… Parfois j’ai pété les plombs, sinon ça va (Maya, 01/03/2022). Ces stigmatisations semblent perdurer dans les écoles secondaires, plus particulièrement sous la forme de l’humour ou d’agressions :

J’ai vécu du racisme en secondaire, des gens d’autres classes étaient méchants pour être méchants. Un jour en secondaire, j’ai commencé à n’en n’avoir rien à foutre de ce que les gens pensent de moi (…) si les gens ne me trouvent pas à leur goût, je m’en fous, quoi (Kaïto, 12/08/2022). Avec mes amis, c’est plus sous forme d’humour, là, je ne le prends pas mal… J’ai de l’auto-dérision (Kaïto, 21/02/2022).

En Secondaire, j’ai vécu des choses pas ouf avec des plus âgés, les gens étaient moins ouverts d’esprit (Ren, 11/09/2022).

En secondaire, j’acceptais mes différences, ça me touchait moins (Emma, 04/10/2022).

Les secondaires marquent pour plusieurs une étape d’affirmation dans leur cheminement identitaire. Cependant, on constate dans ces témoignages que les actes et propos tenus à l’encontre de mes interlocuteurs ne correspondent plus seulement à du racisme ordinaire et banalisé, dont il convient de rappeler qu’il n’est pas plus acceptable. En effet, des actes d’agressions apparaissent dans les récits de certains.

Un système scolaire qui tend vers l’uniformité: entre mépris et admiration des différences

Lors de leurs voyages au Japon, plusieurs de mes interlocuteurs y ont expérimenté l’école ; certains y retournaient chaque année. Lévi Alvarès (2012) désigne l’institution scolaire japonaise comme « profondément assimilatrice dans sa tradition » (p. 152). Les différentes expériences de mes interlocuteurs montrent que, en Belgique comme au Japon, les enfants ont tendance à souligner les différences au niveau de l’apparence physique et qu’il faut alors prouver son « authenticité » :

Tu ne peux pas te sentir juste comme tu veux te sentir. À l’école là-bas, quand j’arrivais, on me disait que j’avais la peau blanche, que mes yeux étaient grands (…). Quand j’en parle avec une de mes amies, on remarque qu’on met un peu des stratégies en place pour faire comprendre qu’on est japonaise. Par exemple : si on va au Kombini [supérette], alors que parler n’est pas nécessaire, on va tendre les articles en disant onegaishimasu, pour montrer qu’on parle japonais. C’est un sujet fréquent qu’on aborde entre nous (Emma, 04/10/2022).

Même si, au Japon, avoir la peau blanche et de grands yeux peut être considéré comme un critère de beauté, en le faisant remarquer, les enfants soulignent les différences physiques qui existent entre eux et mon interlocutrice. D’après Clercq (2020), les « images de l’altérité sont incertaines et fluctuantes au fil du temps, et peuvent passer du mépris au désir, comme en témoigne la fascination pour les traits caucasiens et la plastique occidentale toujours d’actualité, se bornant toutefois à reproduire la même logique racialiste, générant de nouvelles exclusions » (p. 213). Une autre de mes interlocutrices me parle de cette expérience scolaire comme « socialement chouette », mais explique que ce n’était pas évident de se sentir différente :

C’était plus le fait de ne pas être comme tout le monde, ne pas avoir le même matériel et les mêmes accessoires, je n’avais pas les mêmes références que tout le monde. Il me manquait toujours la compréhension d’un petit mot… (Emi, 14/03/2022).

C’est seulement si je dis que je suis à moitié belge qu’on me dit « ah oui, c’est vrai que ton nez est un peu plus haut ». Sinon on m’aborde généralement comme une japonaise (Emi, 14/03/2022).

Même si au Japon, ils ne remarquent pas direct à mon physique, ils le voient dans mon comportement, dans ma manière d’interagir, avec ma corpulence, dans ma façon de m’habiller… (04/10/2022).

À travers ces exemples, on constate que les enfants ont tendance à s’interroger et à insister sur les éléments qu’ils considèrent comme étant différents. Dans le milieu enfantin, autant au Japon qu’en Belgique, il faut se situer dans la norme sociale pour éviter les catégorisations et les stigmatisations. Emi témoigne que même si ses interlocuteurs ne voient pas de différences au niveau de son physique, sa manière de penser, d’agir et d’interagir dévoile un décalage avec certains de ses interlocuteurs japonais.

Un engouement pour la culture asiatique: une nouvelle forme de stigmatisation?

J’aimerais à présent mettre l’accent sur un aspect qui concerne principalement le Japon et la Corée du Sud. Ces dernières années, mes interlocuteurs ont pu constater un engouement croissant envers ces deux pays. Bien que cette popularité puisse revêtir un intérêt pour ceux-ci, les jeunes rencontrés ont mis en évidence que ce phénomène développait certaines attentes chez certains de leurs interlocuteurs. En effet, ils témoignent, pour la plupart, d’un enthousiasme de la part de leurs interlocuteurs à l’annonce de leur deuxième nationalité13, mais ils présentent aussi une réticence face à certaines réactions.

L’engouement pour le Japon n’était pas vraiment présent, quand j’étais en début de secondaire, voire en milieu de secondaire. Après, la cuisine du Japon est devenue populaire, la Kpop, la culture populaire, etc. Maintenant, souvent, les personnes connaissent quelques trucs sur le Japon, certains aimeraient bien y aller. Ils sont assez enthousiastes (…). Maintenant, quand on pense manga, on pense Japon et vice-versa, mais le Japon ce n’est pas que ça. Au moins, on ne m’insulte pas… Mais ça se limite à ça. Je n’ai pas envie d’être associée à ça. Ces personnes ne voient que ça et parlent tout le temps de ça et voient le Japon qu’à travers cet axe-là [les animés] (Emma, 04/10/2022).

Ce que je n’aime pas trop et ce que je trouve malsain, c’est quand des personnes commencent à se comporter différemment avec moi, quand ils savent que je suis japonaise, qu’ils me voient comme un trophée en plus sur leur liste (Alice, 04/10/2022).

Les gens sont surpris, admiratifs, je deviens un peu le centre des conversations pour une soirée (Anna, 01/03/2022). J’ai toujours connu des gens qui étaient fans du Japon, tu les attires comme un aimant quand ils savent que tu es japonaise. On te demande : tu aimes bien les manga ? Et puis, si tu dis non, tu es tout de suite moins intéressante. Ma sœur aime bien les manga donc souvent les gens parlent avec elle. Ils aiment une partie du Japon qui ne me plaît pas, à moi. Après, au niveau de la nourriture, je sens qu’il y a une forte attraction, maintenant plus qu’avant. Pour voyager aussi. Après, tout ce qui est manga, cosplay et tout, je m’en fou quoi (Anna, 08/08/2022).

Ainsi, l’altérité des jeunes belgo-japonais est mise en avant et valorisée à travers le filtre de certains éléments culturels clefs : manga, musique, cuisine, etc. S’ils ne répondent pas à l’attente des personnes rencontrées, leur altérité est alors dévalorisée, ils deviennent directement « moins intéressants ». Il se peut que ces jeunes soient abordés dans un but précis en raison de leur apparence physique. Ce phénomène accentue leur altérité et peut donner à certains l’envie de se distinguer de ces représentations stéréotypées de la culture japonaise. L’intérêt des personnes, qui les abordent dans une envie de partager, semble de prime à bord positif, mais si la prise de contact est maladroite et opportuniste, ce processus pourrait entraîner de nouvelles stigmatisations à travers la réduction des personnes à des éléments de la culture populaire nippone devenu célèbre en Europe.

Pour une sensibilisation à la multiculturalité

Peu importe notre âge, comprendre les conséquences de nos propos sur autrui n’est pas toujours évident, surtout s’il s’agit d’humour ou de propos banalisés. Même si le racisme dit ordinaire, ne provoque pas d’incidents majeurs médiatisés ou problématiques, son caractère banal et répétitif renforce d’une manière négative une altérité vécue chez les jeunes rencontrés. Qualifiés par des stéréotypes généralement positifs en tant que « minorité modèle », les propos tenus sont insidieux ; ils peuvent sembler anodins et leur caractère raciste est minimisé. Il ne faudrait cependant pas croire que les personnes catégorisées comme « asiatiques » en raison d’un trait physique, ne sont sujettes qu’au racisme ordinaire ; certaines font face à des agressions plus directes et violentes (cf. le décès de Zhang Chaolin14). Lors de la pandémie de Covid-19, ce type d’agression s’est multiplié et a gagné en visibilité médiatique.

Par ailleurs, notamment en raison de l’engouement actuel pour le Japon, certaines attentes se dessinent dans les propos de leurs interlocuteurs. Ces réactions, qui soulignent une différence chez ces jeunes par rapport à une communauté japonaise plus imaginée que réelle, entraînent un sentiment d’étrangeté peu importe où ils se trouvent. Que ce soit au Japon ou en France et en Belgique francophone, afin de rendre compte de l’expérience de ces personnes, plusieurs médias15 leur donnent la parole pour qu’ils témoignent ; parfois, eux-mêmes créent du contenu pour partager leurs expériences et exposer leur avis. Cependant, à l’heure actuelle, les contenus médiatiques sont de plus en plus ciblés ; bien qu’ils visent un large public, si un individu ne s’intéresse pas à ce sujet, l’information peut facilement leur échapper. Il est fort probable que les personnes, qui ne s’intéressent pas à ce type de sujet, n’aient jamais pris connaissance de ces démarches de sensibilisations. Certains groupes militants utilisent les deux stratégies centrales suivantes : partage de témoignages et résonnance avec un discours académique16 (Luu & Zhou-Thalamy, 2022, p. 75-76).

Cet article partage les expériences de jeunes belgo-japonais vécues dans leur enfance et leur jeunesse. Beaucoup d’entre eux minimisent ces expériences au profit de la richesse que leur apportent ces deux cultures. Je tiens à rappeler que chacun à sa propre sensibilité face à ce type d’expérience. Je pense que sensibiliser un grand nombre de personnes sur la thématique multiculturelle est important. Serait-il possible d’éviter qu’une personne soit catégorisée sur la base d’un trait physique ou de l’origine de l’un de ses parents ? Serait-il possible de déconstruire ces stéréotypes qui ne font pas moins de dégâts parce qu’ils semblent « positifs » ? Comment sensibiliser à une approche multiculturelle de l’individu, afin d’éviter de la caractériser un enfant ou un jeune comme « asiatique », « non belge », « non japonais », « à moitié », etc. Chaque individu devrait être abordé et accepté intégralement, dans la richesse de sa propre diversité. Il me semble qu’apprendre à connaître son interlocuteur avec une empathie est nécessaire. Une piste de réflexion à envisager pour sensibiliser un grand nombre de personnes serait les activités ou les projets menés dans les écoles. En Belgique, il existe un projet qui se nomme « Des racines pour grandir »17. Il a pour but d’explorer son histoire familiale. Ce projet propose à l’enfant d’en apprendre plus, tout en produisant certains matériaux qui exemplifient cette histoire. En tant qu’acteur principal de cette production de savoirs, l’enfant pourrait s’approprier son histoire, et la présenter à ses pairs à sa manière. À travers des échanges, les enfants en apprendraient plus sur la complexité familiale et culturelle de chacun et seraient maîtres des éléments qu’ils voudraient partager. Je pense qu’un respect de l’intimité pour ceux qui le désire est nécessaire. Il est envisageable que, grâce à ces partages, l’enfant ait un plus grand pouvoir d’action sur la manière dont il se présente lui et son histoire familiale à ses camarades. Ces projets pourraient peut-être souligner la complexité culturelle et l’histoire singulière de chaque famille en déconstruisant les stéréotypes tant négatifs que « positifs ».

Eléonore Komai, mère belge et père japonais. Article d'éducation permanente. Marie Montenair.

Photo issue du projet Hāfu2Hāfu, Eléonore Komai à une mère belge et un père japonais. Hāfu2Hāfu est un projet photographique mondial qui explore ce que signifie être hāfu (une personne ayant un parent japonais).


Notes :

1 Altérité : « L’état d’‘altérité’, de différence ; une propriété de ce qu’un groupe perçoit comme ‘l’autre’. Par exemple, un groupe de migrants sud-asiatiques vivant à Londres peut être considéré comme marqué par l’altérité » (Morris, 2012, p. 7).

2 Soutenu en 2023 à l’Université de Liège sous la direction du professeure Élodie Razy.

3 La culture est envisagée comme dynamique et non comme un tout homogène clos sur lui-même. Au sens de Cuche (2016), quand il dit qu’il faut « relativiser le relativisme culturel », c’est-à-dire : « postuler que tout ensemble culturel tend vers la cohérence et une certaine autonomie symbolique qui lui confère son caractère original singulier ; et qu’on ne peut analyser un trait culturel indépendamment du système culturel auquel il appartient, qui seul peut en livrer le sens » (p. 159).

4 Cet article se base sur l’expérience entre enfants et entre jeunes essentiellement. Les adultes ne sont pas à exclure, mais leur expérience n’a pas été analysé dans ma recherche. Pour plus d’informations sur les adultes, consultez Wang et al. (2023).

5 « Le racisme ordinaire n’est pas forcément, dans l’intention, méchant ou haineux » (Jamin, 2016).

6 Les méthodes de recherches « intimes » désignent « des contacts et des interactions proches avec les groupes d’étude cibles dans le domaine de leur foyer et au-delà, englobant leurs espaces sociaux plus larges » ; utilisées pour produire des matériaux ethnographiques, elles permettent de saisir certains aspects et subtilités du domaine domestique et privé de la vie des personnes (Fresnoza-Flot, 2022, p. 2).

7 L’auteur fait référence au passé colonial japonais en Asie de l’Est et du Sud-Est.

8 « Le terme konketsuji disparut des médias dans les années 1990 à la suite de la mobilisation du groupe Kumustaka, qui réclamait son interdiction puisqu’il instituait une infériorité discriminatoire par rapport au terme junketsu, sang pur » (Clercq, 2020, p. 212). La population japonaise n’a pas été la seule à recourir à ces formulations péjoratives, il suffit de citer le vocabulaire américain sur le sujet : « sang-mêlé », « demi-caste », « demi-sang » (Diouf-Kamara, 1993, p. 29).

9 Pour plus d’informations, visionnez le film-documentaire HAFU  : https://vimeo.com/ondemand/hafufilm.

10 Structure sociale : « Généralement, le système de relations qui lie une société » (Morris, 2012, p. 234).

11 Chaque prénom a été remplacé pour respecter l’anonymisation de mes interlocuteurs.

12 Stigmate : « A l’origine, il s’agit d’un signe physique (du grec « marque de fabrique »), mais aussi d’une qualité abstraite attribuée à une personne qui se sent ternie ou dévalorisée dans sa culture. La stigmatisation peut s’attacher à l’apparence d’une personne (…) ou à tout comportement lié à la déviance » (Morris, 2012, p. 240).

13 J’utilise ce terme, bien que certains aient déjà renoncé à leur nationalité japonaise. Contrairement à la loi belge, la loi japonaise ne reconnaît pas la double nationalité (Kondo, 2016, p. 3). Le seul cas de figure, pour lequel la double nationalité est reconnue, est le cas des enfants ayant un parent japonais et un parent d’une autre nationalité. Officiellement, l’État japonais reconnaît la double nationalité pour ces enfants jusqu’à l’âge de 22 ans : date limite à laquelle ils sont censés choisir une de leurs deux nationalités (Roustan, 2013, p. 70 ; Kondo, 2016, p. 4).

14 Zhang Chaolin est décédé en 2016, suite à un vol violent à caractère raciste. Trois individus l’ont agresser violement « en préjugeant que leurs victimes étaient ‘susceptibles de détenir de l’argen’ en espèces, du fait de leur appartenance à la communauté chinoise » (Le Monde, 2017).

15 Renvoi au tableau : « Médias de sensibilisation ».

16 Je pense par exemple au podcast « Kiffe ta race ». https://www.binge.audio/podcast/kiffetarace/.

17 Des Racines pour Grandir. (s. d.). Consulté 27 novembre 2023, à l’adresse https://desracinespourgrandir.be/


Bibliographie

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Médias de sensibilisation

Magazine : Koï, média de société des cultures et communautés asiatiques. (s. d.). Koï. Consulté 28 novembre 2023, à l’adresse https://www.koimagazine.fr/

Film documentaire : Nishikura, M., & Takagi, L. P. (Réalisateurs). (2013). Hafu: The Mixed-Race Experience in Japan [Documentaire, Biographique]. Consulté 28 novembre 2023, à l’adresse https://vimeo.com/ondemand/hafufilm.

Journal Télévisé : RTLinfo. (2021). « Racisme anti-asiatique: des Belges dénoncent les agressions qu’ils subissent ». Consulté 05 décembre 2023, à l’adresse https://www.rtl.be/actu/racisme-anti-asiatique-des-belges-denoncent-les-agressions-quils-subissent/2021-04-10/article/385023.

Vidéo de réseaux sociaux : YouTube. Brut. (2018). « Les Asiatiques, victimes de racisme ordinaire ? ». https://www.youtube.com/watch?v=XEtu8o872Jk&t=9s

Conférence TEDxTalks : Miyazaki, T. (2023). Have you ever been asked the « where are you REALLY from » question?. TEDxValencia. https://www.youtube.com/watch?v=syolZh6hSVI&t=90s

Podcast : Kiffe ta race. https://www.binge.audio/podcast/kiffetarace/

Collectifs de luttes contre le racisme et la discrimination

UNIA. Pour l’égalité, contre la discrimination. Consulté 27 novembre 2023, à l’adresse https://www.unia.be

MRAX. Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie. Consulté 27 novembre 2023, à l’adresse https://mrax.be

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